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Chers concitoyens, Mesdames et Messieurs,

Aujourd'hui, c’est le cœur plein de gratitude que je me tiens devant vous.

Je suis reconnaissante d'avoir près de moi ma famille, les grandes personnes comme les petites pour m’accompagner. Je suis également reconnaissante que vous soyez venus aussi nombreux. Je salue tous les Hongrois du monde, y compris celles et ceux qui nous suivent de loin, avec un amour attentif.

C’est pour la première fois que je m’adresse à vous en tant que Présidente de la République de la Hongrie. Je vous remercie de la confiance que vous m’avez accordée à mon élection. Cette confiance m’impose avant toute chose la responsabilité. Responsabilité envers celles et ceux qui me soutiennent, pour que je ne les déçoive pas, mais également responsabilité envers celles et ceux qui se méfient et continuent à être en désaccord.

En tant que Présidente, j’ai la responsabilité de pouvoir vous montrer ce que signifie pour moi ma patrie, la Hongrie, ce que mes compatriotes, les Hongrois représentent pour moi, ce que je pense de notre vie commune et de notre place dans le monde. C'est de cette vision personnelle du monde que découleront mes actions.

Nous sommes unis là, au cœur de l'Europe, dans la capitale de notre pays, au cœur du bassin des Carpates, sur la place principale de la nation ; mais nous sommes également unis dans la volonté et l'envie de créer une vie meilleure, plus belle, plus pacifique, plus riche et plus sûre pour les Hongrois du 21ème siècle, après les « décennies de désintégration morale du 20ème siècle ».

Bien qu'aujourd'hui le soleil brille et que nous, les Hongrois, ayons de nombreuses raisons d'être heureux, fiers et de célébrer, une ombre menaçante plane sur nos vies : la guerre.

Cette guerre, ce n'est pas la réalité virtuelle des jeux vidéo, ce n'est pas une image de synthèse, ce n'est pas du Photoshop. Ce n'est pas un film de guerre. C'est la réalité sanglante que nos grands-parents ont vécue dans leur peau pendant la Seconde Guerre mondiale, et que nous, nous ne pouvons connaître qu'à travers leurs récits. Pour la plupart d'entre nous, jusqu’à présent, la guerre n'a pas représenté un danger réel ou une réalité inquiétante, mais une menace que nous pouvons éviter et qui nous appelle à la vigilance, une réalité appartenant à notre passé ou à des pays lointains, même si la guerre dans les Balkans du Sud s'est déroulée pendant dix ans juste à nos portes. Maintenant, en Ukraine, le sang des soldats et des civils blessés est réel, le déchirement des familles, les larmes de celles et ceux qui pleurent leur vie, les pleurs des enfants, le bruit des chars et le crépitement des armes sont bien réels. La tristesse est réelle, la peur est réelle.

Mesdames et messieurs,

L'invasion de l'Ukraine, après le choc initial, nous a contraints de donner une réponse à la fois immédiate et, en même temps, réfléchie et valable à long terme.

Le 25 février, lorsque les premiers réfugiés sont arrivés en Hongrie, sans hésiter, nous nous sommes précipités à leur secours avec une évidence instinctive. Bereg, Szabolcs et Szatmár, les maires, les Eglises et les organisations caritatives, le gouvernement comme les citoyens du pays ont tous réagi en même temps. Depuis lors, sept cent mille réfugiés ont traversé la frontière vers la Hongrie, cette terre sûre, et des centaines de millions de forints de dons ont été collectés par nous, chers compatriotes. Nous fournissons des soins aux blessés, de la nourriture à celles et ceux qui restent dans leur pays, des possibilités d'éducation aux enfants qui arrivent chez nous, un abri, de la nourriture et du travail pour les familles, compréhension et soutien spirituel aux personnes découragées, déprimées. La Hongrie a passé le test de l'humanité avec brio. Je vous en remercie toutes et tous.

Toutefois, outre toute aide désintéressée, nous devons savoir quelle réponse apporter en face de cette guerre, et quels sont les intérêts de notre nation du point de vue de de son passé, de son présent et de son avenir espéré. En dix points, voici à quoi ressemble cette guerre à partir de la Hongrie :

1. Nous condamnons l'agression de Poutine, l'attaque armée contre un État souverain.

2. Nous disons « non », et cela pour toujours, à tout effort visant à restaurer l'Union soviétique.

3. Nous, les Hongrois, nous voulons la paix, ici en Hongrie et dans les pays voisins. Nous voulons gagner la paix, pas la guerre!

4. Ce n'est pas notre guerre, mais elle est également menée contre nous, les Hongrois qui aspirent à la paix, à la sécurité, au respect de tout un chacun et à la croissance. Nous exigeons que les crimes de guerre fassent l'objet d'une enquête et soient punis!

5. Nous ne sommes pas neutres. Nous sommes du côté des victimes innocentes et du côté de la justice. En tant que membre de l'Union européenne et de l'alliance de l'OTAN, nous honorons nos engagements et lorsque nous avons le droit de refuser une décision et que les intérêts hongrois l'exigent, nous disons non.

6. Nous ne sommes en aucun cas prêts à renoncer à notre souveraineté, pour laquelle nous nous sommes battus à maintes reprises ! Nous développons constamment notre force de défense.

7. Nous soutenons l'adhésion de l'Ukraine à la communauté des pays européens.

8. Nous sommes prêts à faire des sacrifices pour la paix et nous n’empêchons pas les sacrifices de nos alliés. En revanche, nous n'accepterons pas de décisions qui exigent du peuple hongrois un sacrifice plus important que la douleur qu'elles infligeraient à l'agresseur russe.

9. Nous sommes prêts à jouer un rôle de médiateur entre les parties belligérantes en vue de poursuivre les négociations de paix.

10.Nous avons toujours tenu à garantir les droits des Hongrois vivant en Ukraine, et nous continuerons à insister sur ce point à présent comme après la guerre.

Mesdames et messieurs,

Parfois, nous restons seuls à mener notre combat. Cependant, nous avons des alliés, et nous avons des amis qui partagent notre vision du monde. Nous savons sur qui nous pouvons compter et quand, et les autres savent aussi que les Hongrois sont des camarades courageux qui tiennent leur parole. Il nous arrive d’être des amis inconfortables, mais lorsque le besoin est réel, nous sommes là et nous ne fuyons pas. Le 10 mars, dans mon discours d’élection, j'ai dit que j’effectuerais mon premier voyage pour retrouver ma famille et que j'aimerais rendre visite à nos amis polonais dès que possible. J'ai tenu ma première promesse et après avoir quitté le Parlement, j’ai rejoint ma famille. Je ne manquerai pas à tenir ma deuxième promesse. Le mardi 17 mai, je me rendrai à Varsovie pour rencontrer le Président des Polonais. Monsieur le Président, cher Andrzej, je vous remercie de me donner l'occasion de m'entretenir avec vous de manière amicale.

Mesdames et messieurs,

Nous, les Hongrois, nous sommes à juste titre fiers de la richesse de notre langue si particulière, de l'histoire tourmentée de notre nation, des acquis de l'esprit hongrois et des trésors de notre culture. Nous pensons que la révolution de 1848, la guerre d'indépendance de 1956 et la chute du rideau de fer en 1989-90 ont démontré à plus d’un titre que nous nourrissons une passion intarissable pour la liberté et que, s’il le faut, nous nous battrons pour elle. Le monde entier a pu voir que les Hongrois forment une nation forte et courageuse. La Hongrie est souveraine, elle porte haut sa voix, elle n'a pas peur des conflits et elle est capable de se défendre et de défendre la position qu'elle a acquise à travers des expériences douloureuses de son histoire.

Nous n'avons pas changé, nous sommes toujours les mêmes Hongrois qui se sont battus pour leur liberté en 1948, en 1956 et il y a 33 ans.

Si tel est le cas, pourquoi sommes-nous de moins en moins considérés comme tels dans les régions du monde où notre courage était autrefois salué?

Nous, les Hongrois, nous portons en nous l’héritage de nos grands-parents et de nos parents, qui, eux, ont vécu ce 20ème siècle, pourtant si invivable à nos yeux ; notre héritage est la capacité de se respecter, d'endurer les tourments, de survivre et de se battre. Nous leur devons nos remerciements et gratitude. Cependant, nos ancêtres ne nous ont pas appris qu'il ne suffisait pas d'avoir le bon produit, il fallait également être capable de le vendre au marché. Nous avons, d’ailleurs, une tournure qui s’avère révélatrice et qui dit que « Le bon vin se vend tout seul ». Mais pas du tout ! Je dis, au contraire, que même un bon vin a besoin d’être promu !

Je suis honorée de pouvoir me consacrer à la promotion de ce bon vin qu’est la Hongrie. Un vin que même moi, j'aime.

Je m'efforcerai à faire en sorte que nous, les Hongrois, outre le sentiment romantique de ne pas être compris, puissions faire l'expérience confortable d’être compris et appréciés.

Notre stratégie nationale a été formulée par Jenő Dsida, auteur de Transylvanie, permettez-moi de le citer :

« c’est ainsi que nous nous préparons à une guerre douce, toujours pour nous-mêmes, jamais contre les autres, nous faisons notre sel et tissons notre linge et tant qu’on nous rend toujours plus petits, nous devenons toujours plus grands ».

Chers invités,

Grâce au travail mené au cours de cette dernière décennie, les Hongrois vivent à nouveau la tête haute. Nous osons être nous-mêmes, regarder le monde dans une perspective hongroise particulière, avec des yeux de Hongrois et en gardant à l'esprit les intérêts hongrois. De nouveau, nous avons une conscience saine, de la fierté nationale et confiance en nous-mêmes. Combien cela nous a manqué dans le passé !

Budapest est la plus belle capitale du monde, le Parlement, c’est le bâtiment le plus extraordinaire qui soit, le piment de Szeged est le piment le plus fort et les Hongroises sont les plus belles femmes au monde, l’eau de vie aux prunes de Szatmár est inégalable en saveur, et rien ne peut égaler l'esprit hongrois. C’est bien, si nous le pensons ainsi ! Toutefois, il est également bon à savoir que nous sommes les seuls à le penser ainsi. Préservons notre fierté nationale, prenonsen soin. Veillons également à ce que cette fierté nationale ne se transforme ni en arrogance nationale, ni en lâcheté mondialiste.

Mesdames et messieurs,

Parfois, il faut aller droit au mur. C'est ce que nous ont appris la Commission de Bruxelles qui ne cesse d’étendre ses compétences, les leadeurs d’opinion autoproclamés et non élus, la partie hostile de la presse internationale, la domination des intérêts des grands pays. Nous avons appris, que mener une politique d'intérêt national comporte des risques. Nous avons également appris que souvent, il faut aller droit au mur. Parfois, il faut même briser ce mur pour passer à travers. Désormais, nous avons la force de le faire.

Moi, ce dont j’ai fait l’expérience, c’est qu'il est également utile de vérifier s'il y a une porte dans ce mur. Si oui, mais cette porte est fermée, il vaut la peine d'appuyer sur la poignée. Si elle ne s'ouvre pas, n’hésitons pas de vérifier s'il y a une clé dans la serrure. Si ce n'est pas le cas, il est utile de voir si nous connaissons quelqu'un éventuellement prêt à nous ouvrir la porte. Et si nous ne pouvons toujours pas passer à travers le mur, alors, sortons les béliers ! Quelle chance que nous, les Hongrois, nous avons désormais tant de force ! Et qu’il est bon de savoir quand nous devons et quand nous ne devons pas l'utiliser.

Je me réjouis d'être utile à la Hongrie pour ouvrir des portes et trouver des clés à ces portes.

Chers concitoyens !

Lors des élections du 3 avril, la Hongrie a pris la décision claire et indiscutable de confier à la communauté politique au gouvernement depuis douze ans la gestion de nos affaires communes pour les quatre ans à venir. La nouvelle Assemblée nationale a été constituée. Je félicite le Président de l’Assemblée nationale et tous les députés et je les invite à honorer la confiance qui leur a été accordée, à respecter le cadre constitutionnel existant de la législation démocratique et à s'efforcer de prendre des décisions dans l'intérêt de notre nation. L'unité de la nation ne commence pas dans l’hémicycle parlementaire, mais si nous acceptons tous que le détenteur du pouvoir, c’est le peuple, nous sommes obligés d'accepter les conséquences des choix démocratiques de ce peuple. C’est ce qui pourrait constituer notre dénominateur commun. Et si nous pouvons également accepter, nous toutes et tous, qu'un rejet ferme de l’opinion d'une autre personne ne signifie pas un déni de respect envers cette autre personne, alors, nos enfants pourront beaucoup apprendre des acteurs de la vie publique. Après tout, la culture, ce ne sont pas seulement les œuvres chorales de Kodály, les danses de Gyimes, le valet qui baille de Munkácsy, les poèmes de Csoóri, l’aire ‘Ma patrie, ma patrie’, interprété par Simándy, le roman ‘Abigél’ de Magda Szabó, les églises de Makovecz ou nos riches coutumes folkloriques. La culture, c'est aussi notre apparence, notre comportement, le respect de nos traditions et notre façon de s’adresser les uns aux autres. Pour ma part, je me sens obligée d'être un exemple à suivre.

Mesdames et messieurs !

Ce lundi prochain, le Parlement élira le Premier ministre, et je pourrai bientôt nommer les membres du nouveau gouvernement. En tant que citoyenne hongroise, mon attente est que les dirigeants de l'exécutif préservent la sécurité du peuple hongrois. J'espère qu'outre la bonne gestion des pandémies, des menaces sécuritaires et économiques, il nous restera suffisamment de force pour continuer à construire notre pays.

Mesdames et Messieurs, vous savez qu’au cours de la dernière décennie, j'ai participé à la vie publique et au gouvernement en tant que membre d'une communauté nationale, civique et démocrate-chrétienne. J'en suis fière et j'en resterai fière. Mon engagement envers ma nation et mon pays ne change pas, et je me sens évidemment également responsable envers les Hongrois dont les valeurs diffèrent des miennes. Ma mission, c’est de trouver les profondeurs et les hauteurs où l'appartenance des Hongrois à une même communauté s’impose comme une évidence. Je chercherai et montrerai les aspects de notre vie qui sont au-delà de l'opposition naturelle propre à une politique de partis. Ma conviction est qu'il est de mon devoir de comprendre les arguments qui façonnent les différentes positions et de contribuer à faire accepter la décision de la majorité à celles et ceux dont l’opinion reste en minorité.

Le berceau de la souveraineté est la famille. C’est également dans la famille que l'unité de la nation puise son origine. Dans chaque famille, il y a des membres de familles dont les opinions sont diamétralement opposées les unes aux autres. Certains vivent dans les villages ou petites villes, d’autres à Pest ou à Buda ; certains sur la Grande Plaine, d’autres en Transdanubie, au nord ou au sud de nos frontières. Certains sont diplômés, d’autres ouvriers, certains sont de droite et d’autres de gauche, voire indifférents vis-à-vis de la vie politique. Dans une famille, il y a des bébés, des jeunes, des personnes entre deux âges et des personnes âgées, des croyants et des non-croyants, des catholiques, des protestants et des juifs, des tolérants et des intolérants, avec beaucoup d'enfants et sans enfants, des travailleurs et des paresseux, des riches et des pauvres, avec une mentalité donnant la priorité à la famille ou à l’indépendance.  

C'est ainsi que se compose également la nation hongrois. C'est dire à quel point nous sommes différents et à quel point nous avons des idées différentes sur le monde qui nous entoure. Mais nous avons une histoire commune, nous nous connaissons, nous nous appartenons les uns aux autres. Nous devons pouvoir vivre, comprendre, voire enrichir ce que nous avons en commun, ce qui nous lie les uns aux autres et ce qui nous est propre. Et avec le temps, nous apprendrons peut-être à désirer ce qui est le nôtre.

En tant que Présidente de la République, je renforcerai le peuple hongrois dans ce qu’en je crois personnellement. Ce sont des valeurs fondées sur le christianisme, la transmission de la vie, l'éducation des enfants dans l'amour, la protection de toute vie humaine conçue et de la famille, le respect de l'autre et le soutien aux plus faibles.

En Hongrie et à l'étranger, je plaiderai la cause des jeunes pour les aider à fonder une famille, à combiner les responsabilités d'une carrière avec celles d'avoir des enfants et de s'occuper des personnes âgées. Protégeons l'ordre de la création et le monde créé, soutenons les familles nombreuses, les parents à plein temps, les parents adoptifs comme celles et ceux qui s'occupent seul(e)s de leurs enfants. Travaillons qu'il n'y ait pas d'obstacles financiers à une parentalité responsable. Je plaiderai également la cause de la protection de la vie, en représentant également celles et ceux qui ne peuvent pas encore se défendre eux-mêmes. Je mettre en avant les jeunes gens talentueux.

Les Hongrois qui vivent dans des conditions précaires, ces Hongrois invisibles pour la majorité, peuvent également compter sur moi. Je serai là, parmi eux, je m’assoirai sur le tabouret, je les écouterai et je les représenterai. Je veux être une oreille, un cœur et une bouche pour celles et ceux qui sont aujourd'hui moins entendus, moins vus et moins compris, et ce, dans un même objectif : le sentiment d’appartenance.

Et même si c’est la présence personnelle qui est la plus importante, cette appartenance, cette unité sera également visible dans les médias sociaux, sur mes pages Facebook, Instagram et Twitter.

Mesdames et messieurs,

Merci d'être venus si nombreux. Merci de nous avoir donné la possibilité de nous rendre à cette festivité après avoir le service de culte. Merci pour vos prières !

Merci à Magdi Rúzsa, Janci Balázs et Viki Kádár, au chœur de filles Angelika, aux danseuses Zsura et Zsuzsika, aux forces armées hongroises et à Soma Zámbori de nous faire découvrir les trésors de la culture hongroise. Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cette célébration.

Mesdames et messieurs, à partir de 13 heures de cet après-midi, vous êtes les bienvenus au Palais Sándor, mon nouveau lieu de travail pour les cinq ans à venir où je ferai tout ce qui est dans mon pouvoir d’avoir une vie meilleure et plus belle dans notre pays, la Hongrie, que notre nation devienne plus nombreuse, et que nous ne soyons pas les seuls à avoir ce sentiment et cette opinion.

Comme notre poète, Endre Ady nous met en garde :

« Gardiens, restez bien en garde, La Vie est vivante et veut vivre, Elle ne nous a pas donné tant de belles choses, Pour être piétinée par Des menaces sanglantes et stupides. »

Que Dieu bénisse les Hongrois avec de la joie et de l’abondance !

 

Voici, le discours complet en version arabe