77ème Assemblée générale 

des Nations Unies

 

«Il a peut-être toujours été vrai que la recherche de la paix est la forme de commandement la plus difficile de toutes. Je ne connais pas de formule unique pour réussir, mais au fil des années, j'ai observé que certains caractères de commandement sont universels et consistent souvent à trouver des moyens d'encourager les gens à combiner leurs efforts, leurs talents, idées, leur enthousiasme et inspiration, pour travailler ensemble. »

C’est une citation du discours de Sa Majesté, feu Elisabeth II de 2010, prononcé ici, à l'Assemblée générale des Nations Unies.

Aujourd'hui, la Journée internationale de la paix, je me tiens ici pour exhorter les dirigeants du monde à être fidèles à l'héritage d'Elizabeth II, afin que nous puissions vivre en paix.

Excellences, Mesdames et Messieurs!

C'est avec un plaisir et un honneur particuliers que je salue mon compatriote, Monsieur le Président Csaba Kőrösi. Grâce à lui, après quarante ans, la Hongrie assumera de nouveau la Présidence de l'Assemblée générale des Nations Unies pour un an. C'est un grand honneur pour la Hongrie, surtout dans la situation difficile actuelle. Monsieur le Président, chèr Csaba, je vous souhaite plein de succès dans votre travail !

Je m’adresse à vous aujourd'hui en tant que Présidente de la Hongrie. Je suis la première Présidente de mon pays, épouse, mère de trois enfants.

En tant que présidente et en tant que mère, je me sens responsable de préserver un environnement pour les générations à venir, dans lequel elles peuvent profiter de la sécurité et du confort.

Aujourd’hui lors de la Journée internationale de la Paix, Je me tiens devant l’Assemblée générale de l’ONU, pour réaffirmer notre engagement a l’Article 1 de la Charte des Nations Unies, comme suite:

« Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix »

Rappelons-nous l'objectif principal pour lequel l'ONU a été fondée. Paix.

Nous, les peuples du monde occidental et ses dirigeants, croyons souvent que nous vivons une période de paix et de prospérité constante depuis la Deuxième Guerre mondiale. À bien des égards, c'est effectivement le cas, nous pouvons vivre une époque beaucoup plus paisible et prospère qu'auparavant.

Mais nous oublions souvent les guerres et les conflits armés qui font rage dans de nombreuses régions du globe, qui tuent des victimes innocentes, qui déchirent les familles, détruisent les infrastructures et l'économie, transforment des terres agricoles cultivées en friches arides et ajoutent à la destruction du monde qui nous entoure.

Selon le Global Conflict Tracker du Council on Foreign Relations, il y a actuellement 27 conflits en cours dans le monde. Le tracker classe les conflits en trois groupes : «aggravation», «inchangé» et «amélioration». À l'heure actuelle, il n'y a pas un seul conflit décrit comme "s'améliorant".

À l'échelle mondiale, les conflits et la violence sont en augmentation, selon les Nations Unies. L'ONU a averti que la paix est plus menacée dans le monde qu'elle ne l'a été depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Le nombre de guerres et de conflits armés montre une augmentation intense depuis la Deuxième Guerre mondiale. L'optimisme scientifique selon lequel une réduction du nombre de victimes pourrait présenter un processus, dans lequel les conflits armés deviendraient inutiles, a été rapidement écarté par les développements récents en Europe et dans d'autres parties du monde.

Excellences,

Je viens de Hongrie, du cœur de l'Europe. Tout le monde supposerait que depuis la Seconde Guerre mondiale, la paix est une caractéristique régionale.

N'oublions pas que seulement onze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les chars soviétiques roulaient dans les rues de Budapest. Nous avons eu quarante-cinq ans de dictature communiste et il n'a pas fallu longtemps après le changement pacifique de régime de 1989 pour que la guerre éclate dans notre voisin sud imminent. La tuerie a duré une décennie.

Après à peine 20 ans, la guerre fait à nouveau rage sur le continent européen -  encore une fois dans un pays voisin de la Hongrie. Cela nous préoccupe particulièrement, notamment parce que les Hongrois ethnique vivant de l'autre côté des frontières versent également leur sang.

La guerre de la Russie contre l'Ukraine est une menace constante et un risque de sécurité, non seulement pour les citoyens ukrainiens vivant dans la zone de guerre, mais pour tous les Hongrois et Européens.

La Hongrie condamne fermement l’agression de la Russie contre l’Ukraine ayant causé d’énorme souffrance humaine et destruction, a mis en ruine la paix en Europe et a de graves répercussions sur l’ordre mondial.

Depuis le début du conflit de la guerre, les Hongrois sont aux côtés des victimes. Nous offrons une aide économique, sociale et humanitaire à l’Ukraine, et nous accueillons les réfugiés de la guerre. C’est la plus grande action humanitaire de l’histoire de la Hongrie qui se déroule de nos jours.  Le peuple hongrois, les églises, les organisations civiles, les autorités locales et le gouvernement ont accueilli près d'un million de réfugiés depuis le début du conflit.

Nous avons appris que la guerre est quelque chose de mauvais et ne conduit nul part. En guerre il n’y a que des victimes et les plus grands pertes sont les familles : les mères et les pères qui perdent leur enfant sur le champ de bataille ; les épouses a qui le combat emporte le mari; les enfants que perdent leurs frères, sœurs dans l’enfer de la guerre.

Nous nous prononçons résolument à ce qu’on enquête sur les crimes de guerre commis contre la population civile innocente en Ukraine. Les organisations internationales compétentes doivent documenter ces crimes et enquêter sur ceux-ci; elles doivent mener les procédures nécessaires. Aucun crime perpétué ne peut rester impuni.

 

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Que voulons-nous à l'ONU ? Gagner la guerre ?

Nous ne devrions pas accepter de gagner une guerre. Nous devons défendre le rétablissement de la paix. Là où il y a une volonté, il y a un chemin.

La Hongrie est membre de plusieurs systèmes d’alliances. Avant tout, l’ONU, l’OTAN,  l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et je pourrais encore en énumérer d’autres.

Ces organisations ont été créées par leurs pères fondateurs principalement pour servir la paix. Je pourrais aussi dire que c’est le désir de paix qui les a créés, et selon ma conviction c’est ce qui constitue la base de leur identité.

Permettez-moi de rappeler à nouveau les paroles de feu la reine Elizabeth II. Je cite : «Les objectifs et les valeurs qui ont inspiré la Charte des Nations Unies perdurent : promouvoir la paix, la sécurité et la justice internationales ; soulager et éliminer le fléau de la faim, de la pauvreté et de la maladie; et de protéger les droits et libertés de chaque citoyen ».

La Hongrie demande les autres États membres à déclarer la paix comme la principale priorité dans le conflit actuel entre la Russie et l'Ukraine.

 

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Il est intéressant et pas du tout évident qu’aujourd’hui, quand il y a de nouveau la guerre en Europe, les organisations ayant été créées pour éviter la guerre et maintenir la paix portent une attention particulière vers les questions idéologiques.

Aujourd’hui ce n’est pas ce que nous avons besoin. Nous devons à nouveau être capable de distinguer l’essentiel de l’insignifiant, l’important de ce qui ne l’est pas, la vérité de la fiction.

La plupart de nous sont arrivés de Londres a l’Assemblée Générale. Nous avons assisté ensemble aux obsèques d’Elisabeth II et nous nous sommes inclinés devant son cercueil. Nous avons fait nos adieux d’un monarque exceptionnel, dont la vie avait été imprégnée du service rendu pour la paix. Nous le devons à l’humanité et aussi à son souvenir de prendre nos décisions dans cet esprit.

Permettez-moi de conclure en citant Winston Churchill de 1953 : "Ceux qui peuvent bien gagner une guerre peuvent rarement faire une bonne paix, et ceux qui pourraient faire une bonne paix n'auraient jamais gagné la guerre."

Faisons une bonne paix.

Merci de m'écouter.

 

Source de la photo: www.sandorpalota.hu